N°3 / Vers l’interopérabilité des bases de textes / Toward Interoperability of Texts Databases — Digitizing Enlightenment V

Dimensions traductionnelles de l’encyclopédisme français au siècle des Lumières

Présentation, exploration et questionnement d’une banque de données

Susanne Greilich, Hans-Jürgen Lüsebrink

Résumé

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I. Perspectives de recherche

Le XVIIIe siècle, « âge des dictionnaires » (Rétat 1984), vit non seulement l’essor de l’encyclopédie sous forme de « dictionnaire de choses », mais également la diffusion du genre dans de vastes parties du continent européen. Depuis la France, les Pays-Bas, le monde germanophone et l’Angleterre, il s’est répandu en Europe du Sud, de l’Est et du Nord, avant d’être transféré, entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, jusqu’en Amérique et au Japon. Les contextes de création d’un dictionnaire universel ou spécialisé étaient dans de nombreux cas transnationaux, leur réception l’était également. Ainsi, les dictionnaires ont été un moteur de la formation d’un espace de connaissance et de communication pan-européen et transatlantique pendant le long dix-huitième siècle. Notre projet de recherche, intitulé « Dimensions traductionnelles de l’encyclopédisme français au Siècle des Lumières », qui est financé depuis 2018 par la Deutsche Forschungsgemeinschaft et s’inscrit dans son programme prioritaire 2130 (« Cultures de la traduction à l’Époque moderne »)[1], vise à examiner le rôle que la traduction a joué dans ce contexte et pour l’encyclopédisme moderne.

Nous nous basons sur une notion de traduction qui s’oriente d’abord vers une compréhension linguistique du terme. Nous nous concentrons sur le transfert des dictionnaires de choses, c’est-à-dire des encyclopédies écrites dans une langue source spécifique, vers une ou plusieurs langues cibles. L’accent est mis à la fois sur les résultats et sur les processus de ce transfert. Nous cherchons à mettre en lumière combien et quels dictionnaires sont issus de la traduction d’autres encyclopédies et à éclairer les modifications épistémologiques que ces textes ont subies lors de leur traduction, à savoir les ajouts, suppressions et actualisations des informations. C’est dans ce contexte que nous analysons également les dimensions interculturelles et politiques des traductions : en partant d’une part des prémisses des recherches sur les transferts culturels et, d’autre part, des translation studies et de leur notion de « translation policy » (Toury 2012), nous nous interrogeons sur les stratégies des traducteurs et des éditeurs désireux d’orienter les traductions vers leur lectorat et de les adapter selon les attentes et normes de la culture cible. Outre la vernacularisation et la vulgarisation des savoirs, on peut y déceler des stratégies de « nationalisation » qui doivent être pensées, entre autres, dans le contexte des rivalités scientifiques nationales du XVIIIe siècle (Greilich 2021).

Loin de représenter une œuvre composée par un seul auteur, chaque dictionnaire universel ou spécialisé est en fin de compte un ouvrage de compilation et donc le résultat d’un réseau transnational de textes, ainsi que de la collaboration internationale (active ou seulement virtuelle) d’hommes et femmes issus des milieux littéraires et scientifiques. C’est la raison pour laquelle on peut relever, pour chaque encyclopédie, des processus de traduction spécifiques – au sens linguistique plus strict (voir ci-dessus) tout comme au sens plus large d’un transfert de connaissances transgressant les limites des genres littéraires et des cultures. Une perspective qui vise à éclairer les dimensions traductionnelles de l’encyclopédisme à l’époque des Lumières doit donc également tenir compte de la dimension interne du texte, c’est-à-dire envisager non seulement d’autres encyclopédies en tant que textes sources, mais également d’autres genres et types d’œuvres. On sait, par exemple, que pour les quelques 74.000 articles de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert – ouvrage à l’origine duquel on trouve la Cyclopaedia de Chambers (ce dernier, pour sa part, s’inspirant du Dictionnaire de Trévoux, voir Leca-Tsiomis 1999) – de multiples documents traduits à partir d’autres langues et d’autres genres ont constitué des sources importantes.

Les traductions d’encyclopédies entières dans d’autres langues vernaculaires, qui, dans la plupart des cas, allaient de pair avec une actualisation et un complément d’informations, renforçaient de telles structures de réseau, de telles filiations entre textes, qui en même temps entraient en dialogue. En témoignent, dans beaucoup de cas, les paratextes des dictionnaires : les avis aux lecteurs, les épîtres dédicatoires, les notes en bas de page dans lesquelles les traducteurs et éditeurs d’encyclopédies évoquent les sources traduites, ainsi que des textes précédents qui servirent de modèles ou dont la publication, à l’inverse, permet de se démarquer du texte de base traduit et adapté à une langue cible.

En tenant compte de ces multiples dimensions de traduction dans le contexte de l’encyclopédisme moderne, quatre axes de recherche ont été au cœur de la première phase du projet (2018-2021) : 1° une documentation complète de toutes les encyclopédies issues de la traduction de dictionnaires universels et spécialisés qui parurent en Europe au cours du dix-huitième siècle ; 2° les processus d’adaptation culturelle et d’autonomisation d’encyclopédies traduites par rapport à leurs œuvres sources ; 3° les traducteurs en tant que médiateurs interculturels et acteurs importants dans le contexte du transfert du savoir encyclopédique ; 4° le rôle que les traductions ont joué dans le contexte de la rédaction de lemmes géographiques de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert.

D’un point de vue méthodologique, des études de cas philologiques et des travaux relevant de l’analyse du discours sur des traductions d’encyclopédies sélectionnées ont été combinés avec des méthodes de saisie bibliographique de l’ensemble du corpus. Ces dernières ont abouti à la mise en place d’une base de données en ligne réalisée avec l’aide de la bibliothèque universitaire de Ratisbonne (https://encyclopaedias.uni-regensburg.de/).

II. La base de données Encyclopaedias

Prémisses, conception et structure

La base de données est accessible à tous (Open Access) ; l’accès et l’utilisation sont gratuits. En accord avec la politique linguistique de la Deutsche Forschungsgemeinschaft, et dans un souci de visibilité internationale, le site est en anglais. La mise à disposition de la base de données suit les principes de traitement des données de recherche de l’Alliance des organisations scientifiques allemandes (2010), les lignes directrices sur le traitement des données de recherche de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (2015), et son code de conduite ("Safeguarding Good Research Practice", 2022 ; ligne directrice 13 : accès public aux résultats de la recherche selon les principes FAIR)."[2]. Du point de vue de la politique scientifique, la banque de données tient compte, d’une part, des objectifs et des possibilités de vérification du travail scientifique et, d’autre part, de la sauvegarde et de la mise à disposition durables de données dans le but d’ouvrir des possibilités de recherches ultérieures. Conformément aux règles de bonne pratique scientifique, l’archivage et l’accès gratuit aux données sont garantis par l’infrastructure suprarégionale de la bibliothèque universitaire de Ratisbonne.

La base de données a pour objectif de documenter l’importance des processus de traduction pour l’encyclopédisme moderne. La notion d’encyclopaedia, qui sous-tend la base de données, se limite strictement à l’usage moderne du terme désignant un ouvrage de référence qui fournit des synthèses de connaissances, soit de toutes les branches scientifiques, soit d’un domaine ou d’une discipline particulière, et qui est divisé en entrées classées par ordre alphabétique. Cette définition d’encyclopaedia correspond – comme on vient de l’indiquer – au genre du dictionnaire « de choses » spécialisé ou universel (en allemand : Sachwörterbuch). La base de données vise donc à rendre visible, de manière quantitative et qualitative, la pertinence de la traduction pour l’essor du genre du dictionnaire universel et spécialisé et pour sa diffusion européenne transnationale.

L’accent est mis sur trois aspects : fournir pour chaque dictionnaire des informations sur les filiations textuelles concrètes et, éventuellement, sur les processus de traduction à plusieurs niveaux ; mettre en relief les traducteurs en tant qu’acteurs de la médiation interculturelle et de la production de savoir ; mettre à disposition des utilisateurs des informations sur le contenu et la matérialité des dictionnaires. La base de données vise, d’une part, l’exhaustivité (toutes les traductions d’encyclopédies de la période étudiée sont saisies) et, d’autre part, l’apport d’informations bibliographiques détaillées.

En partant de ces prémisses, la base de données est structurée selon quatre groupes de données différentes. Elle fournit : 1) des informations bibliographiques complètes et précises (auteur, titre complet, lieu et année d’impression, maison d’édition, nombre de volumes, pages, format) ; 2) des informations détaillées sur les paratextes, tels que les avant-propos, les dédicaces, les épilogues, les illustrations (désignation, portée, position au sein du texte, auteur) ; 3) des informations sur les aspects traductionnels (statut du texte, noms des traducteurs, langues source et cibles, références exactes au(x) texte(s) source(s) respectivement aux traductions, et 4) des informations sur les copies digitalisées disponibles des encyclopédies pour faciliter des analyses plus approfondies. Nous avons privilégié les liens vers les exemplaires digitalisés en libre accès des bibliothèques européennes (par exemple Gallica, les collections numériques de la Bayerische Staatsbibliothek–BSB, etc.) et/ou de Google Books.

La base de données a été dotée de différentes fonctions de recherche et de navigation. Outre les recherches individuelles (par titre, auteur/traducteur, année), il est actuellement possible d’afficher toutes les éditions (texte source et traductions) des titres saisis ou toutes les publications issues d’un auteur/traducteur spécifique. Pour chacune des encyclopédies répertoriées des informations sont disponibles sur les textes sources identifiés ou, inversement, sur toutes les traductions, complètes ou partielles, qui sont issues d’un texte source (Figure n°1). Les jeux de données eux-mêmes sont reliés entre eux (Figure n°2).

Source : encyclopaedias.uni-regensburg.de

Fig. 1

Source : encyclopaedias.uni-regensburg.de

Fig. 2

À l’avenir, d’autres fonctions de recherche et d’exploration seront mises en place, comme, par exemple, la recherche selon une langue source et une langue cible spécifiques.

Défis : choix du corpus, traitement et mise en lien des données

Le point de départ de notre documentation a été les encyclopédies traduites, ou, plus précisément, les encyclopédies en langue vernaculaire qui sont issues d’une traduction linguistique, complète ou au moins partielle, d’une encyclopédie préexistante écrite dans une autre langue. En se basant sur des bibliographies de traductions, des études sur l’encyclopédisme et la lexicographie européens du XVIIIe siècle, ainsi que sur des méta-catalogues (tels que KVK,[3] WorldCat) et les bases de données de Gale (ECCO, Making of the Modern World), nous avons tout d’abord établi un tableau d’ensemble des traductions d’encyclopédies et de leurs textes sources (potentiels), y compris un répertoire des copies digitalisées ou des exemplaires de bibliothèque accessibles. Ensuite, nous avons systématiquement examiné et évalué chaque texte (dans beaucoup de cas sur la base d’une copie digitalisée) selon les critères déterminés auparavant. Les paratextes des traductions ont été analysés, notamment en vue de la vérification des textes sources précis d’une traduction (si possible avec l’indication de l’édition exacte). Dans ce contexte, nous nous sommes appuyés sur notre propre expertise linguistique pour les textes en langues romanes (français, italien, espagnol, portugais) et en langues germaniques occidentales (anglais, allemand, néerlandais), tandis que pour les textes en langues scandinaves (suédois, danois) et slaves (polonais, russe) nous avons eu recours à des programmes de traduction ou à l’expertise de collègues. Chaque référence à un texte source a été vérifiée à l’aide d’un exemplaire de la source indiquée. La même procédure a été suivie pour les textes sources uniquement supposés. Jusque-là, en l’espace de trois ans, plus de 380 encyclopédies ont ainsi été systématiquement évaluées et leur données enregistrées.

Si la délimitation du corpus de l’analyse semblait claire et appropriée au regard des perspectives de notre recherche, le travail pratique sur les textes, par contre, nous a très vite confronté à des processus de traduction plus complexes. Ceux-ci représentaient un défi compte tenu, d’une part, de la volonté d’uniformité, et, d’autre part, de l’exigence de précision pour la saisie des données.

Ainsi il n’est pas rare de trouver des encyclopédies basées sur plus d’un dictionnaire en tant que texte source. Certaines encyclopédies néerlandaises, allemandes, anglaises et espagnoles ont fusionné différentes éditions d’une encyclopédie, ou même des encyclopédies complètement différentes, en un seul texte traduit. Le dictionnaire biographique de Christian August Wichmann, Geschichte berühmter Frauenzimmer (Leipzig, 1772-1775, 3 vol.), par exemple, réunit des traductions aussi bien du Dictionnaire portatif des femmes célèbres de Jean-François de Lacroix que des Female worthies (London, 1764, 2 vol.) anglaises. Et la deuxième édition du Musical Dictionary de James Grassineau (Londres, 1769) se base sur des traductions aussi bien du Dictionnaire de musique de Sébastien de Brossard (Amsterdam, 1710) que de celui de Jean-Jacques Rousseau (Paris, 1768). Jan Lodewyk Schuer et Arnoldus Hendrikus Westerhoff, auteurs-traducteurs du Huishoudelyk woordboek néerlandais (Leiden / Amsterdam, 1743, 2 vol.), intègrent, eux, des traductions partielles du Lexicon technicum anglais de John Harris (London, 1736, 2 vols.) et du Allgemeines Oeconomisches Lexikon de Georg Heinrich Zincke (Leipzig, 1731) dans leur version néerlandaise du Dictionnaire œconomique de Noël Chomel (Paris, 1732, 2 vol.) – pour ne donner ici que quelques exemples. Dans d’autres cas, la traduction d’un dictionnaire a été croisée avec des informations provenant d’autres types de textes, comme c’est le cas pour le Fruitkundig woordenboek néerlandais (Amsterdam, 1805-1806, 2 vol.), pour lequel le traducteur a intégré les informations données par l’auteur anglais William Forsyth dans son Treatise on the management and culture of fruit trees (London, 1803) dans sa traduction du Pomologisches Handwörterbuch allemand (Leipzig, 1802) de Johann Ludwig Christ.

Finalement, on trouve quelques rares exemples d’encyclopédies qui sont issues de diverses œuvres sources entières autres que des dictionnaires, comme par exemple de manuels. Ainsi, le manuel botanique du Baron Georges Louis Marie Dumont de Courset, intitulé Le botaniste cultivateur, a été transformé en dictionnaire spécialisé lors de sa traduction en allemand (Leipzig, 1805, 2 vol.). Notons que de tels processus de traduction inter-générique avaient également lieu de manière inverse, notamment dans les cas où des articles séparés d’encyclopédies ont été traduits et publiés sous forme de manuel – une pratique courante dans la Russie au XVIIIe siècle, par exemple.

Un deuxième défi auquel nous avons été confrontés lors de l’établissement de la base de données, est un phénomène que nous avons appelé « autonomisation » et qui est lié à l’histoire de la publication des encyclopédies. Dans de nombreux cas, les encyclopédies ont été rééditées plusieurs fois et chaque fois corrigées et mises à jour. En conséquence, au fil des ans, certaines encyclopédies qui étaient à l’origine issues de la traduction linguistique d’un autre dictionnaire, se sont de plus en plus éloignées de leur texte source. Le Dictionnaire géographique-portatif de Jean-Baptiste Ladvocat (Paris, 1747) en fournit un bon exemple. Ce texte était initialement une traduction du Gazetteer’s or Newsman’s Interpreter de Lawrence Echard (London, 13 éd., 1731), et il servit de texte relais pour la traduction de l’encyclopédie d’Echard dans d’autres langues européennes, comme l’italien (1749) et l’espagnol (1750). Au fil des années, le dictionnaire de Ladvocat se transforma, en raison des nombreuses modifications apportées à l’ouvrage dans ses éditions successives, en une œuvre totalement autonome. Néanmoins, le dictionnaire a longtemps gardé la référence au texte d’Echard, ce qui eut pour conséquence le fait que les éditions successives italiennes (par exemple en 1770, 1771, 1778, 1787, 1793, 1794, 1800) et espagnoles (par exemple en 1772), tout comme celles publiées en polonais (1784) et en allemand (1764), continuèrent longtemps à se référer à la fois aux encyclopédies anglaises et françaises comme textes sources. Seule une comparaison précise des textes permettrait de déterminer avec exactitude l’influence réelle de l’œuvre d’Echard sur les versions italienne, espagnole, polonaise et allemande du dictionnaire de Ladvocat.

Nous avons relevé les défis décrits ci-dessus en adoptant une approche à la fois cohérente et pragmatique qui subordonnait l’enregistrement d’un dictionnaire spécialisé ou universel en tant que traduction et l’enregistrement de ses sources respectives à la condition que l’encyclopédie traduite mentionne explicitement un texte source, que ce soit en citant ou en faisant référence à l’auteur ou au titre du texte source sur la page de titre ou dans les préfaces de l’éditeur ou du traducteur. S’il n’y avait pas de référence à un texte source, mais que a) le titre et le contenu permettaient d’identifier l’ouvrage comme une traduction et b) qu’un texte source spécifique a pu être identifié, la traduction et le texte source ont également été enregistrés.

Pour les traductions synthétisantes, nous nous sommes limités aux sources explicitement citées. Cette systématique atteint rapidement ses limites dans le cas de traductions fortement adaptées ou de traductions d’encyclopédies qui se détachent de plus en plus du texte source et font appel à d’autres sources en plus du texte principal originel. Il serait par exemple tout à fait souhaitable de recenser le réseau de filiations textuelles de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, afin de pouvoir cerner l’importance de la traduction pour la rédaction de cette œuvre issue à l’origine de la Cyclopaedia de Chambers. Cependant, une telle entreprise dépasse non seulement les capacités d’un petit groupe de chercheurs, mais aussi celles d’une seule base de données en termes de présentation raisonnable des données. L’interopérabilité des bases de données – c’est-à-dire de notre base de données avec, par exemple, d’autres bases de données sur les traductions du XVIIIe siècle, sur certains types de textes ou auteurs – pourrait offrir la possibilité de relever ce défi.

III. Analyses et explorations

Notre base de données sur les traductions d’ouvrages encyclopédiques ouvre de multiples voies pour les analyses et les explorations. Nous aimerions ici mettre en avant et illustrer trois des orientations du projet. En premier lieu, une analyse de la base de données focalisée sur les flux d’intraductions et d’extraductions met en lumière de façon frappante les relations asymétriques entre les différentes cultures européennes productrices d’encyclopédies au cours du XVIIIe siècle (Figure n°3). La France et l’espace culturel francophone constituaient, en effet, l’espace de provenance largement prédominant en ce qui concerne la production de publications encyclopédiques traduites dans d’autres langues au XVIIIe siècle. Au-delà du Royaume de France, l’espace culturel et linguistique francophone incluait, en particulier la partie francophone de la Suisse comprenant des centres importants de l’imprimerie comme Genève, Lausanne et Neuchâtel, mais aussi les Pays-Bas, où les villes d’Amsterdam, de Rotterdam, de Leyde et de La Haye étaient des bases majeures pour l’édition des projets d’encyclopédies traduites en langues étrangères (« extraductions »), comme par exemple le Dictionnaire Historique et Critique de Pierre Bayle, publié à Rotterdam en 1697. Cette position prédominante de l’espace culturel francophone, et plus particulièrement du français comme langue de publication, sur le marché de la production et de la traduction d’ouvrages encyclopédiques au siècle des Lumières reflète aussi sa place hégémonique dans de nombreux autres secteurs culturels tels que ceux de la littérature fictionnelle, des publications scientifiques ou encore de la presse périodique, depuis la fin du  XVIIe siècle, les dernières décennies du règne de Louis XIV, jusqu’à la fin de l’Empire Napoléonien. Ce phénomène d’hégémonie culturelle a déjà été analysé concernant d’autres genres littéraires et culturels, notamment dans une perspective quantitative fondée sur une base de données, par exemple en ce qui concerne le roman entre 1750 et 1900 par Franco Moretti, qui a publié ses résultats dans son Atlas of the European novel en 1998 (Moretti 1998, Moretti 2000)[4].

En ce qui concerne les statistiques des intraductions, l’Angleterre, suivie des pays de l’espace linguistique germanophone, se situait après la France au sein de ce classement de la fréquence des traductions d’ouvrages encyclopédiques à partir de langues étrangères.

Source : encyclopaedias.uni-regensburg.de

Fig. 3

En second lieu (Figure n°4), l’Italie, l’espace linguistique germanophone, l’Angleterre et l’Espagne représentent les espaces culturels comportant le plus grand nombre d’intraductions de publications encyclopédiques, alors que les maisons d’édition francophones publièrent relativement peu de traductions d’encyclopédies durant le long XVIIIe siècle. Les encyclopédies françaises constituèrent indubitablement le modèle dominant dans ce champ et pendant cette période, mais celui-ci, dans toutes ses variétés, comme en témoignent souvent les sous-titres des encyclopédies traduites, a été également adapté, révisé et ainsi transformé en se transférant dans les cultures cibles. Les préfaces et les notes additionnelles, parfois aussi des suppléments et des additions substantielles, notamment dans les notes en bas de page, constituant différentes formes de paratextes, tous ces éléments nous indiquent les transformations subies par le texte original des encyclopédies à travers le processus de traduction et d’adaptation. Ce processus doit faire l’objet d’analyses qualitatives plus approfondies à partir d’études de cas. Nous avons commencé à réaliser, à la suite de travaux de plusieurs chercheurs (voir par exemple Denny/Mitchell 1994, Dingel 1998, Donato 2006), ces micro-analyses précises en choisissant quelques exemples majeurs comme la traduction espagnole et l’adaptation de différentes parties de l’Encyclopédie méthodique, ou encore les traductions et adaptations allemandes et anglaises du Dictionnaire universel de commerce des frères Savary Des Bruslons, l’encyclopédie économique la plus importante en France et en Europe jusque dans les années 1770 (Greilich 2017, Lüsebrink 2013, 2021).

Source : encyclopaedias.uni-regensburg.de

Fig. 4

En troisième lieu, comme la banque de données nous permet de l’illustrer si nous la questionnons dans une perspective diachronique, ces structures tendirent à se développer de façon significative pendant les dernières décennies du XVIIIe siècle : les pays de l’espace linguistique germanophone ont constitué dès la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, grâce notamment, mais pas uniquement, aux traductions du Brockhaus Universal-Lexikon (1796-1806), une source importante pour l’extraduction d’ouvrages encyclopédiques (D’Aprile 2021). De même, les ouvrages encyclopédiques provenant notamment d’Espagne et de Russie, pays situés à la périphérie des Lumières européennes, ont connu eux-aussi des traductions dans d’autres langues européennes, comme ce fut le cas du Diccionario geográfico-histórico de las Indias Occidentales ó America (1786-88) d’Antonio de Alcedo, la première encyclopédie publiée par un auteur sud-américain (Alcedo est né à Quito en Équateur en 1735 avant d’émigrer en Espagne) et traduite en 1812 en anglais (voir Lüsebrink 2021c). Ces évolutions reflètent un glissement significatif concernant l’hégémonie des structures de savoirs et les transferts culturels transnationaux et, dans une certaine mesure, une rupture épistémologique, ces deux phénomènes étant liés à des relations de pouvoir, tant dans le champ politique que dans le champ académique et, plus largement, dans celui des savoirs.

IV. Questions ouvertes et investigations complémentaires

Nous aimerions aborder et partager, dans cette dernière partie de notre contribution, certaines questions et certains défis d’ordre méthodologique et théorique dont nous discutons régulièrement dans le cadre de notre projet et qui nécessitent de plus amples recherches et, éventuellement, un élargissement de la base de données. Ces questions concernent 1) la périodisation ; 2) les traductions partielles ; 3) les traductions de textes originels dans les dictionnaires universels et les dictionnaires spécialisés ; et 4) les traducteurs.

1. La périodisation. Comme nous l’avons déjà indiqué, la limitation du corpus du projet et de sa base de données à l’âge des Lumières, qui couvre le XVIIIe siècle et quelquefois la période allant de 1680 à 1815, doit être étendue, pour répondre aux objectifs de notre projet, à un « long XVIIIe siècle » débutant dans les années 1670, au moment de la publication du Grand dictionnaire historique de Louis Moreri (1674), qui était l’ouvrage encyclopédique le plus traduit au cours des cent-soixante années suivantes, jusqu’aux années 1830 (Figure n°5). L’année 1815, comme rupture périodique, provenant du domaine politique mais qui est très discutable sur le plan culturel, est une date également remise en question par le fait que certaines des principales encyclopédies publiées au cours du XVIIIe siècle ont seulement été traduites, surtout en ce qui concerne les traductions partielles, dans les années 1820 et 1830. Ce fut également le cas pour la plus volumineuse encyclopédie des Lumières françaises, l’Encyclopédie méthodique, publiée entre 1782 et 1832.

Source : encyclopaedias.uni-regensburg.de

Fig. 5

Les 10 ouvrages encyclopédiques les plus traduits (1680-1800, trad. entières et partielles)

2. Les traductions partielles. Comme nous l’avons montré, nous avons enregistré dans notre base de données non seulement les traductions complètes d’encyclopédies, mais aussi les traductions partielles, telle la traduction de certaines parties de l’Encyclopédie méthodique en espagnol. Jusqu’à présent, nous n’avons pas entré dans notre base de données – sauf à travers certaines études de cas – la multiplicité des traductions partielles des encyclopédies dans des périodiques, ou encore l’insertion dans des encyclopédies francophones d’une sélection de morceaux traduits d’ouvrages encyclopédiques en langues étrangères. Mentionnons deux exemples de ce phénomène : tout d’abord dans l’espace linguistique germanophone, l’encyclopédie la plus diffusée dans l’espace public à cette époque, l’Encyclopédie méthodique, publiée en 206 volumes entre 1732 et 1832, n’a jamais été traduite dans sa totalité ou même sous forme de livres offrant des traductions partielles en allemand, mais on la retrouve cependant sous forme de traductions d’extraits publiés dans de nombreux périodiques allemands de l’époque. Ces traductions partielles et ciblées concernent particulièrement le domaine des sciences naturelles, mais aussi ceux de l’histoire et de la philosophie où elles sont souvent accompagnées de commentaires très critiques (Lüsebrink 2019). Un second exemple de ce phénomène nous est offert par les traductions d’au moins 25 articles insérées dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert – et réalisées par différents contributeurs maîtrisant l’allemand, comme le Baron D’Holbach – dans les domaines de la géographie, de la minéralogie, de la botanique et des mines et tirées de l’ouvrage allemand Reales Staats-und Zeitungslexicon publié par Johann Hübner depuis 1704, qui fut par la suite régulièrement réédité. Ce dictionnaire était à la base du genre – qui allait devenir un grand succès – des « Konversationslexika » en Allemagne, des dictionnaires destinés aux lecteurs et lectrices des journaux. Combinant des dictionnaires de connaissances (ou de « choses ») et des dictionnaires de langues, ces « Konversationslexika » constituaient un nouveau genre de popularisation des savoirs et des lexiques y étant associés, qui n’allait se répandre, sous la forme de traductions et d’adaptation du modèle, pour l’essentiel qu’à partir du début du XIXe siècle (D’Aprile 2021 ; Loveland 2021).

3. Les traductions de textes originels à l’intérieur d’ouvrages encyclopédiques. Si nous considérons les relations entre les encyclopédies et leurs traductions dans toute leur complexité, nous ne sommes pas seulement confrontés à la traduction des encyclopédies elles-mêmes, sous forme de traductions complètes ou partielles, mais également à des processus transculturels à l’intérieur même du texte encyclopédique. Ces processus constituent un intertexte explicite ou implicite, qui se trouve parfois, mais pas toujours, indiqué par des citations entre guillemets ainsi que par des notes ou par des mentions bibliographiques. Les traductions indiquées dans les publications encyclopédiques sont fréquemment basées sur des traductions existantes, mais elles sont aussi très souvent commentées, abrégées, ou modifiées. Dans de nombreux autres cas, et particulièrement dans le cas de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, à laquelle des traducteurs de premier rang comme Marmontel, D’Holbach et Diderot lui-même ont contribué, on trouve des traductions de textes effectuées par les contributeurs eux-mêmes, à partir d’une multiplicité de publications en langues étrangères, y compris d’ouvrages encyclopédiques (voir Lüsebrink 2021a).

4. Les traducteurs (Figures n° 6 et n°7). La base de données constituée indique les noms des traducteurs, s’ils sont mentionnés sur la page de titre, ou si nous sommes parvenus à retrouver leur nom par des recherches bibliographiques. En correspondance avec les flux asymétriques de traductions mentionnés précédemment, nous pouvons constater que parmi les dix traducteurs les plus actifs (ayant traduit le plus grand nombre d’encyclopédies, en termes d’éditions), quatre sont italiens, deux sont allemands, deux sont anglais, l’un est hollandais, et l’un est espagnol – il s’agit de Juan de la Serna, le traducteur espagnol du Dictionnaire historique portatif de Ladvocat –, mais aucun n’est français. Mais, comme c’est le cas de la production d'encyclopédies elles-mêmes, le nom d’un simple traducteur, souvent cité comme une sorte de « label de qualité » ou de « bonne réputation », dissimule la plupart du temps le fait que les traductions encyclopédiques étaient le résultat d’un travail collectif. C’est vrai, par exemple, en ce qui concerne la traduction en allemand du Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle, où l’écrivain et traducteur Johann Christoph Gottsched apparaît sur la page de titre comme traducteur et éditeur, alors que ce dictionnaire de Bayle a été en réalité traduit à Leipzig par son épouse Luise Gottsched ainsi que par un groupe de traducteurs pour la plupart anonymes, souvent issus des milieux académiques, qui utilisaient, dans une situation de précarité financière et professionnelle, la traduction comme un gagne-pain supplémentaire assez lucratif. Comme l’indique Gottsched lui-même dans sa préface (Bayle 1741-44, vol. I, « Vorrede des Herausgebers », s.p., [p. 1]), son propre rôle a consisté essentiellement dans la relecture et les corrections des traductions effectuées par ses collaborateurs, tant au niveau des contenus que du style[5].

Pour notre base de données, le défi consiste à rassembler et à saisir avec le plus de précision possible, en utilisant une grande variété de sources, les noms, les fonctions, et les profils sociaux et bibliographiques des traducteurs qui ont, sans aucun doute, joué un rôle central de « Cultural Brokers » ou de médiateurs (inter)culturels.

Source : encyclopaedias.uni-regensburg.de

Fig. 6

Les 15 traducteurs d’ouvrages encyclopédiques les plus productifs (1680-1800)

Source : encyclopaedias.uni-regensburg.de

Fig. 7

 V. Références

D’Aprile, Iwan-Michelangelo (2021) : « Translating Liberalism: Brockhaus’es Conversations-Lexikon and the Development of an International European Constitutional Discourse. », dans Clorinda Donato/Hans-Jürgen Lüsebrink (eds.), Translation and Transfer of Knowledge in Encyclopedic Compilations, 1680-1830, Toronto, Toronto University Press in association with the UCLA Center for Seventeenth and Eighteenth-Century Studies and the William Andrews Clark Memorial Library, p. 184-200.

 Bayle, Pierre (1741-44) : Herrn Peter Baylens, weyland Professors der Philosophie und Historie zu Rotterdam, Historisches und Critisches Wörterbuch, nach der neuesten Ausgabe 1740 ins Deutsche übersetzt, auch mit einer Vorrede und verschiedenen Anmerkungen. Nebst dem Leben d. Herrn Bayle v. [Pierre] Desmaiseaux. Herausgegeben von Johann Christoph Gottsched. Leipzig: Breitkopf. 4 vols. In-folio.

 Denny, Joseph H./ Mitchell, Paul M. (1994) : « Russian translations of the Encyclopédie », dans Frank A. Kafker (ed.), Notable encyclopedias of the late eighteenth century: eleven successors of the Encyclopédie, Oxford: Voltaire Foundation. p. 335-386.

 Dingel, Irène (1998) : « La traduction du Dictionnaire historique et critique de Bayle en allemand et sa réception en Allemagne », dans Hans Bots (éd.), Critique, savoir et érudition à la veille des Lumières. Le Dictionnaire Historique et Critique de Pierre Bayle (1647-1706), Amsterdam/Maarsen: APA- Holland University Press. p. 109-123.

 Donato, Clorinda (2006) : « La Encyclopedia Metódica: Transfer and Translation of Knowledge About Spain and the New World in Spanish Translation of the Encyclopédie Méthodique », dans Hans-Jürgen Lüsebrink (ed.), Das Europa der Aufklärung und die außereuropäische Welt, Göttingen, Wallstein Verlag, 2006, p. 74-122.

 Encyclopaedias (Base de données) : https://encyclopaedias.uni-regensburg.de/

 Greilich, Susanne (2017) : « Enzyklopädismus und ökonomisches Wissen im Spanien des 18. Jahrhunderts », dans Das Achtzehnte Jahrhundert, 41.2 (2017). Themenheft: Ökonomisches Wissen in enzyklopädischen Sammelwerken des 18. Jahrhunderts – Strukturen und Übersetzungen/ Economic knowledge in encyclopedic compilations of the 18th century – structures and translations, eds. Hans-Jürgen Lüsebrink/ Hanco Jürgens, p. 240-253.

 Greilich, Susanne (2021) : « Spanische Enzyklopädie-Übersetzungen als Orte der selbstbewußten Partizipation an aufgeklärter Wissensproduktion: Perspektiven und Fallstudie », dans Regine Toepfer/Peter Burschel/Jörg Wesche (eds.), Übersetzen in der Frühen Neuzeit – Konzepte und Methoden, Stuttgart, Metzler, p. 337-354 (www.springer.com/gp/book/9783662625613)

 Leca-Tsiomis, Marie (1999) : Écrire l’Enyclopédie. Diderot : de l’usage des dictionnaires à la grammaire philosophique. Oxford, Voltaire Foundation.

Loveland, Jeff (2021) : « Two French Konversationslexika in the 1830s and 1840s ; the Dictionnaire de la Conversation et de la Lecture and the Dictionnaire des Gens du Monde », dans Clorinda Donato/Hans-Jürgen Lüsebrink (eds.), Translation and Transfer of Knowledge in Encyclopedic Compilations, 1680-1830, Toronto, Toronto University Press in association with the UCLA Center for Seventeenth and Eighteenth-Century Studies and the Williams Andrews Clark Library Memorial Library, p. 201-234.

Lüsebrink, Hans-Jürgen (2019) : « L’Encyclopédie méthodique en Allemagne (1782-1815). Approches d’une traduction transculturelle », dans Martine Groult, Luigi Delia, avec la coll. de Claire Fauvergue (éds.), Panckoucke et l’Encyclopédie méthodique. Ordre des matières et transversalité, Paris, Classiques Garnier, p. 61-79. 

 Lüsebrink, Hans-Jürgen (2021a) : « Übersetzungen in Enzyklopädien », dans Regina Toepfer/Peter Burschel/Jörg Wesche (eds.) Übersetzen in der Frühen Neuzeit – Konzepte und Methoden/Concepts and Practices of Translation in the Early-Modern Period, Heidelberg, J.B. Metzler (Übersetzungskulturen der Frühen Neuzeit Bd. 1), p. 185-202.

 Lüsebrink, Hans-Jürgen (2021b) : « The Savary des Bruslons’ Dictionnaire universel de commerce. Translations and adaptations », dans Clorinda Donato/Hans-Jürgen Lüsebrink (eds.), Translation and Transfer of Knowledge in Encyclopedic Compilations, 1680-1830, Toronto, Toronto University Press in association with the UCLA Center for Seventeenth and Eighteenth-Century Studies and the William Andrews Clark Memorial Library, p. 17-39.

Lüsebrink, Hans-Jürgen (2021c) : « Inventing South American Enyclopedism: Transatlantic Cultural Transfers and Counter-Discourses in Antonio de Alcedo’s Diccionario geográfico-histórico de las Indias Occidentales ó América (1786–1788) and its English translation », dans Michel Espagne/ Matthias Middell (eds.) Intercultural Transfers and Processes of Spatialization, Leipzig, Leipziger Universitätsverlag (Deutsch-Französische Kulturbibliothek Bd. 30), p. 197-218.

 Moretti, Franco (1998) : Atlas of the European novel, 1800-1900, London, New York, Verso.

 Moretti, Franco (2000) : Atlas du roman européen, 1800-1900, traduit de l’italien par Jérôme Nicolas, Paris, Seuil.

 Rétat, Pierre (1984) : « L’âge des dictionnaires », dans Roger Chartier/Henri-Jean Martin (éds.), Histoire de l’édition française, t. II, Le livre triomphant, Paris, p. 186-197.

 Toury, Gideon (2012) : Descriptive Translation Studies and beyond, 2de éd., Amsterdam, John Benjamins.

 

 

 


[1] Le programme prioritaire est dirigé par R. Toepfer (Université de Würzburg), J. Wesche (Université de Göttingen) et P. Burschel (HAB Wolfenbüttel). Pour plus d’informations sur le programme et ses projets de recherche voir la page web : https://www.spp2130.de/index.php/en/welcome/

[2] Cf. „Grundsätze zum Umgang mit Forschungsdaten“ (http://doi.org/10.2312/ALLIANZOA.019); „Leitlinien zum Umgang mit Forschungsdaten“ (https://www.dfg.de/download/pdf/foerderung/grundlagen_dfg_foerderung/forschungsdaten/leitlinien_forschungsdaten.pdf). Les organisations scientifiques allemandes suivantes font partie de l‘alliance : Alexander von Humboldt-Stiftung, Deutsche Akademie der Naturforscher Leopoldina, Deutsche Forschungsgemeinschaft, Deutscher Akademischer Austauschdienst, Fraunhofer-Gesellschaft, Helmholtz-Gemeinschaft, Hochschulrektorenkonferenz, Leibniz-Gemeinschaft, Max-Planck-Gesellschaft, Wissenschaftsrat.

[3] Le Karlsruher Virtueller Katalog (KVK), un méta-catalogue gratuit et librement accessible, permet, en tant que méta-moteur de recherche, d’interroger simultanément environ 80 bases de données bibliographiques. Parmi les bases de données interrogées figurent tous les catalogues de bibliothèques germanophones et de nombreux catalogues internationaux, ainsi que des bases de données inter-bibliothèques et des moteurs de recherche. Les bases de données de textes digitalisés librement accessibles (par ex. Internet Archive, Hathi Trust DLib, Google Books, DFG eBooks, etc.) sont également consultables. Le KVK a été développé en 1996 à la bibliothèque de l'Institut de technologie de Karlsruhe (KIT), qui le gère également. Voir : https://kvk.bibliothek.kit.edu

[4] L’ouvrage de Moretti contient également des statistiques concernant la production romanesque et les traductions de romans pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle qui illustrent pour ce secteur littéraire la prédominance française.

[5] Gottsched évoque dans sa préface le fait qu’il avait pris en charge, en tant qu’éditeur de la traduction du dictionnaire de Bayle, la « supervision » de la traduction (« ich von denselben ersuchet wurde, die Aufsicht über dieselbe zu übernehmen », s.p. [p. 4]) et qu’il était aussi censé garantir sa qualité (« gleichwohl die Gewähr für diese übernehmen sollte », s.p. [p. 5]).

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